Colloque international à l'Université Catholique d'Afrique Centrale de Yaoundé (14-15 janvier)
23 janvier 2019
COLLOQUE INTERNATIONAL
Co-organisé par la faculté de Droit canonique de l’ICP et le Département de Droit canonique de l’Université catholique de Yaoundé
14 et 15 janvier 2019
« Terre de mission et d’évangélisation en Afrique et en Europe : regards croisés et approches canoniques »
La Faculté de Droit canonique de l’Institut Catholique de Paris et le Département de Droit canonique de l’Université Catholique d’Afrique Centrale ont co-organisé un colloque international sur le thème "Terre de mission et d'évangélisation en Afrique et en Europe. Regards croisés et approches canoniques".
Ce colloque s'est tenu à Yaoundé les 14 et 15 janvier derniers, à l'Université Catholique d'Afrique Centrale, et trois enseignants et un doctorants, accompagnés de la secrétaire de notre Faculté, se sont rendus sur place pour y participer : M. l'abbé Ludovic Danto (Doyen de la Faculté de droit canonique de l'Institut Catholique de Paris), M. l'abbé Cédric Burgun (vice-doyen), le R.P. Bruno Gonçalves (maître de conférences), et M. l'abbé Athée Victor Miankan (doctorant).
En quatre sessions, les intervenants se sont allègrement évertués à apporter leur contribution à ce questionnement, qui fait appel à la distinction jeunes Églises et Églises de vieille chrétienté. En partant d’une conception africaine, Patrick Valdrini fera remarquer que la notion de vieillesse ou de jeune en la matière peut être synonyme de sagesse. Cette distinction est aussi et avant toute autre considération fondée sur le critère de juridiction et la volonté pontificale comme le reprend le can. 90 §1 le CCEO. De ce fait les structures ecclésiales qu’on pourrait qualifier de territoire de mission seraient celles désignées ainsi par le Pontife, mais aussi qui réponde aux différents critères dont celui de l’autosuffisance financière semble l’un des plus importants pour les actuels jeunes Églises.
Au-delà de ces considérations, il faut remarquer que l’actualité de la mission en Afrique est tout autre aujourd’hui, en ce sens qu’elle n’est pas seulement vue sous le prisme du déplacement géographique. Le missionnaire n’étant pas seulement celui qui est envoyé dans un territoire autre que le sien, mais au sein même de son peuple. Par ailleurs, le fort développement des réseaux sociaux conduit à faire un dépassement de la territorialité en matière missionnaire. Avec ces réseaux, il y a comme un rapprochement des peuples. Cela ne signifie pas non plus un abandon de la territorialité. Quel que soit le parti pris, il faudra reconnaître la permanence de la « missionalité » comme vocation éternelle de l’Église.
Pour la Sr Angèle Makiang, la bonne avancée de la mission au niveau local, sera fonction du bon rapport entre l’évêque et ces prêtres, rapport qui n’est celui de l’employé à l’employeur, mais celui de collaboration. Et celle-ci passe par les différentes structures diocésaines d’écoute de ces collaborateurs dont le conseil presbytéral.
La création de la Congrégation pour la promotion de la nouvelle évangélisation pose le problème d’une doublure face à la congrégation pour l’évangélisation des peuples. Ce qui ne devrait pas en être le cas, car la compétence de ces deux congrégations s’exerce sur des territoires distincts et bien définis. La nouvelle évangélisation concerne uniquement les territoires d’antique fondation ou de communautés très touchées par la sécularisation, pendant que l’évangélisation des peuples s’occupe des 1095 circonscriptions ecclésiastiques réparties en Afrique et en Asie. Chacun cependant participent à la même sollicitude du successeur de Pierre. La nouvelle évangélisation ne doit pas non plus être comprise comme une nouvelle méthode pastorale mais plutôt comme un nouvel élan pastoral voire une relance de la mission de l’Église dans ces territoires de vieille chrétienté. Ainsi, l’évangélisation ou la nouvelle évangélisation prend des connotations neuves et autres en fonction des lieux où elle est usitée. Remarquons, à travers les 2 synodes sur l’Afrique, le début de prise de conscience de la part des africains qui ne se sentent plus seulement destinataires de la mission mais aussi et surtout protagonistes de celle-ci. Pour une efficience de la mission en ces Églises, en faisant référence à l’encyclique Fidei donum, il y a besoin de développer, en interne, une véritable collaboration missionnaire entre les diocèses, et également penser à la promotion d’un laïcat missionnaire, fera remarquer le professeur Betemgne.
Au regard de la déchristianisation et des critères de distinctions, entre Église pleinement constituée et diocèse en territoire de mission, donnés par le can.786, la question de l’efficience de cette notion se pose ; dans la mesure où, même remplissant l’ensemble des critères, certains diocèses en territoires de mission, ne bénéficient pas de toutes les prérogatives d’une Église pleinement constituée. Cette distinction demeure souvent à cause du problème des ressources financières et de leur gestion dans bien de jeunes Églises, un somme à l’autonomie financière de ces Églises.
P. Victor Athé Miankan,
Doctorant à la Faculté de droit canonique de l'Institut Catholique de Paris
Pour rappel, le programme du colloque est disponible ici :
Les actes du colloque seront prochainement publiés et l'annonce en sera faite ici.